NUIT D’ÉBÈNE

NUIT D’ÉBÈNE

Un cri déchire l’immensité blanche puis meurt dans le silence de la plaine endormie. L’enfantement est douloureux. L’appel se perd sous la lune impavide. 

L’étendue soyeuse d’albâtre scintille, bleuâtre, dans les rayons sans âme de l’astre éteint. S’élève alors une plainte, tragique, rauque, désespérée, issue des entrailles martyrisées d’une mère, puis s’évanouit dans la nuit de désolation.  

Une bande de loups qui passait au loin, s’est arrêtée. Inquiets, surpris par la supplique, leur hurlement révérentiel s’est joint aux pleurs dans la nuit tragique.  

La femme, enfin, s’est endormie dans l’épuisement de l’insoutenable chagrin. 

Ni la chaleur de l’âtre, ni le cours du temps qui passe, ni les méandres du destin n’apaiseront la douleur de cet enfer d’une nuit et ne pourront ravir dans son cœur l’ultime déchirement de cette aube glacée. 

A ses côtés, l’enfant mort avant que d’exister, gît dans son linceul de dentelles. 

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